Une langue simple et belle
La langue d'oc de l'ancien curé de Mende est d'une grande simplicité : il écrit comme on parle et c'est là son grand charme. Point de mots savants ou recherchés, mais les mots de tous les jours.
Cette langue est très pure, le français ne l'a guère corrompue, mis à part des termes du vocabulaire religieux tels « parouèsso » ou « sacristèn » ou des vocables de la civilisation actuelle. En général, on a l'impression de recueillir les mots à leur source. Quelques-uns sont propres au terroir du mont Lozère ou de la vallée de l'Altier. Ils ne sont pas très nombreux. Nous en avons signalé deux : « escumèrle » pour coulemelle et « aledro » que nous traduisons par narcisse, mais, comme nous l'a expliqué le P. Maurice Veyrunes, c'est plus exactement le narcisse non encore fleuri, avec les feuilles qui entourent la tige.
On relève de fort jolies expressions imagées, comme « grapal d'efont », litt. crapaud d'enfant ; « pelho d'ome », chiffe d'homme ; « partió coum'un fum », il partait comme une fumée ; « lous enemics neplabou », les ennemis fuyaient à toute vapeur... D'artaban à cassibralho, de bedigas à tamagas, ce ne sont pas les « compliments » qui manquent à l'auteur pour permettre aux gens de se colleter en paroles.
La variété du vocabulaire répond à la variété des thèmes d'inspiration. Et cela donne une belle oeuvre, qui méritait bien qu'un livre la conserve.
Félix Buffière
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