Le changeur et sa femme de Quentin Metsys, la Vocation de saint Matthieu du
Caravage, le Tricheur à l'as de carreau de Georges de La Tour : trois peintures
célèbres qui font place à l'argent, parmi des centaines d'autres souvent moins
connues. Ces oeuvres d'art admirées dans les musées ou les églises s'offrent comme
sources pour l'historien. À partir d'elles, on cherchera à mieux comprendre le rapport
qu'entretiennent avec l'argent hommes et femmes des XVe-XVIIe siècles en Europe occidentale.
L'argent occupe une place de premier ordre dans les pratiques sociales et les
croyances : quelles visions en donne l'image, et particulièrement la peinture ? Tel est
l'enjeu de cet essai, qui s'attache particulièrement à rendre compte des luttes de représentation
que sa présence fait naître fréquemment. Choisir l'image comme source
unique suppose le recours à une méthodologie propre, d'autant que l'argent, sous forme
de pièces de monnaie, ne constitue généralement qu'un détail sur les tableaux. L'icône
monétaire y occupe une position spécifique, en tant qu'objet social, mais aussi comme
signe au sein de l'image.
Plutôt que de procéder à une sélection, ce livre entend fournir un panorama
d'ensemble des modalités et significations de l'argent en image. On y analyse des figures
attendues : avarice, usure, impôt ou charité. Mais surgissent aussi des thématiques plus
originales, de la circulation de l'argent dans les corps au rapprochement entre monnaie
et Eucharistie.
Une question traverse ces oeuvres et les sociétés qui les produisent : comment vivre
avec l'argent ? Le livre fait place à un héritage très négatif, qui fonde une relation toujours
problématique. Mais il montre aussi comment l'iconographie ouvre des pistes pour une
progressive acclimatation de la monnaie, suivant des voies parfois surprenantes.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.