L'opéra fabuleux d'Aloïse, figure de l'Art Brut
Aloïse Corbaz, née en 1886 à Lausanne, a été internée de 1918 jusqu'à sa mort en 1964. C'est dans ce cadre et dans ces circonstances, à l'asile de la Rosière, qu'elle a réalisé l'ensemble de son oeuvre picturale. Cette oeuvre, d'abord élaborée dans le secret à partir de moyens très rudimentaires, comprend pas moins de 2 000 pièces : dessins à simple ou double face, cahiers, rouleaux de papier... Aloïse est à juste titre considérée comme l'une des plus importantes figures de l'Art Brut. Jean Dubuffet parle, à propos de son art, de l'« ingénieux cocon qu'elle s'était fabriqué » et d'un « merveilleux théâtre », « une scène où personne ne pouvait monter ».
Fidèle à l'étrange destin d'Aloïse, ce livre n'est pas une biographie d'artiste. Il est né d'une impression : celle que diffuse l'oeuvre, ressassante, débordant de rouge en longs rouleaux. Une perpétuelle mise en scène qui écrit une histoire. C'est cette histoire intime, plus que les faits collectés, qui constitue la trame du récit. Aloïse, interdite d'amour, se réinvente un univers grâce à la création plastique. Elle recrée indéfiniment la passion à laquelle sa soeur aînée, la froide Marguerite, a mis fin, dans une fresque ardente qui fait défiler à ses côtés les grandes amoureuses tragiques, réelles ou fictives, dont elle s'est éprise, comme autant d'images d'un miroir aux pièces éclatées.
C'est cette vie-là, secrète et inavouable, qui habite le livre dans une perspective résolument subjective, redonnant corps et voix à la grande femme inaudible qui marmonnait sans cesse.
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