Nous imaginons la parenté sous la forme d'un arbre dont nous voyons d'abord les racines. Les hommes du Moyen Age portaient, eux, le regard vers les branches et le ciel. L'imaginaire de la parenté dans l'Occident médiéval a pris forme entre ces deux manières de voir. C'est cette histoire longue, puisqu'elle s'étend de l'époque carolingienne à la Renaissance, que reconstitue le présent ouvrage.
La conscience médiévale des ancêtres, écrit Christiane Klapisch-Zuber, s'alimente à des sources extrêmement diverses qui sont devenues étrangères à notre manière d'imaginer un "arbre de parenté" : la philosophie qui classe les concepts, le droit qui remémore, la théologie qui sacralise la hiérarchie des valeurs, enfin la généalogie qui dit les filiations et prescrit la transmission des pouvoirs.
Ce livre décrit l'émergence d'une image - l'arbre des ancêtres - dont il restitue l'extraordinaire richesse figurative. Il en analyse les fondements théoriques élaborés dans les monastères et les universités. Il suit la mise en forme et en pratique des images de la parenté dans les milieux de cour, les cabinets des bourgeois et les ateliers d'artistes renommés ou obscurs. Il identifie la période, autour de 1200, où la généalogie, pour la première fois, rendit sensible le déroulement du temps. Il décrit enfin ce moment singulier de la Renaissance où l'arbre de la parenté parut masquer les ancêtres pour s'ouvrir aux descendants.
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