A la mort de son ami, prêtre, le poète-narrateur élève, en huit chants, un tombeau qui ne perpétue pas la présence du défunt mais l'énigme de sa fuite : réminiscences qui fulgurent et se dérobent aussitôt, scènes surgies de la mémoire ou du délire à moins qu'elles ne soient de purs symboles, épisodes tragiques ou fantasques d'une amitié portée à l'exaltation.
Par son silence, le silence du corps inanimé, la mort de ce prêtre - un être extravagant et profond - rejoint un monde devenu muet, désert, et le poème se détache de celui qui écrit, devenant à son tour élément d'un réel inaccessible qui semble nier toute part humaine. Quelle force naît pourtant, quel espoir paradoxal ?
Dans la certitude de l'anéantissement, et plus encore du mystère inviolé, se devine une paix scandaleuse. On peut, comme dans les grands poèmes de Leopardi, lire avec une étrange ferveur les vers de l'absolu désastre :
«Et la fin arrive/pour interdire la divinité : la fin implacable / anéantit, nulle valeur ne reste, il n'y a pas/d'âme.»
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