Champ contrechamp essais
Pour les anciens Grecs, le regard est hélioeidès. Il émet un flux visuel de nature lumineuse qui se conjoint à la lumière solaire pour rendre visibles les choses éclairées. Il est aussi, loin de tout miroir, le moyen - grâce au regard d'autrui recroisé avec le sien propre - de s'attester mutuellement de son existence. En tenant pleinement compte de ces conclusions, avancées par des spécialistes de l'histoire de l'optique et de l'iconographie, Frank Pierobon propose une relecture philosophique de l'Allégorie platonicienne de la Caverne dont les conséquences, multiples, ouvrent à une compréhension renouvelée du plus fameux des mythes platoniciens.
Ce gain interprétatif est mis à profit dans la seconde partie de L'oeil solaire, où sont réévalués philosophiquement le refus très marqué d'un Socrate par rapport à l'écriture et son articulation avec sa propre réincarnation scripturale, le dialogue, forme littéraire tout à fait nouvelle pour l'époque. Frank Pierobon met ainsi en lumière la double valence de l'écriture platonicienne, à la fois testimoniale - redonnant vie à Socrate pensant - et eidétique - réactivant le mouvement débordant de la pensée à partir de la figure du philosophe. Il propose ainsi une réflexion novatrice sur la pensée selon qu'elle naisse du dialogue et de la vie (où l'échange de regards joue un rôle essentiel) ou bien de l'écriture.
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