Selon une idée préconçue contre laquelle il est difficile de lutter, franciscains, augustins, carmes, minimes et, dans une moindre mesure, dominicains seraient incultes et même illettrés. Or, l’enquête de Fabienne Henryot prouve de manière incontestable que dans les domaines de la vie spirituelle et de l’observance, de l’enseignement théologique et de la pastorale, ces ordres ont développé une gestion de l’écrit très originale, bien différente des pratiques bénédictines et jésuites. La bibliothèque conventuelle occupe une place centrale dans la vie intellectuelle de ces religieux mendiants, place définie par leurs textes juridiques et disciplinaires. La pratique effective de la lecture, longtemps limitée à quelques livres indispensables pour ne pas déroger à la sainte pauvreté et humilité des mendiants, a connu un essor spectaculaire. Quotidienne, spirituelle, apostolique ou érudite, elle a emprunté des chemins parfois éloignés des rayons de la bibliothèque commune. De plus en plus autonomes dans leurs choix livresques, les religieux rejoignent progressivement au XVIIIe siècle une communauté de lecteurs ecclésiastiques dépassant les limites de l’univers mendiant.
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