En août 1940, un jeune journaliste américain, Varian Fry, est envoyé à Marseille. Sa mission : faire évader les artistes, les intellectuels et militants politiques de gauche, souvent juifs, menacés par la Gestapo.
La modeste organisation qu’il met sur pied s’oppose à l’article 19 de la convention d’armistice entre la France et l’Allemagne : « Le gouvernement français est tenu de livrer sur demande tous les ressortissants désignés par le gouvernement du Reich. »
En treize mois, avant que la police de Vichy n’expulse Varian Fry – avec l’aval des États-Unis –, le Centre américain de secours aura, par des moyens légaux ou illégaux, permis l’évasion vers l’Amérique de milliers de réfugiés menacés de déportation – dont des écrivains comme André Breton et Heinrich Mann, des artistes comme Marc Chagall et André Masson.
Ce bilan, qui relève de ce qu’on a appelé « la résistance avant la Résistance », apparaît aujourd’hui comme un mouvement de solidarité internationale impulsé par les vestiges du mouvement ouvrier. Cet aspect, le moins connu de l’action de Varian Fry et de ceux qui l’ont accompagné, éclaire un moment historique singulier en même temps que l’héroïsme de l’individu ordinaire face à la déraison d’État.