Roger Caillois, essayiste et poète, s'est intéressé à la sociologie,
l'ethnologie, la psychanalyse, la biologie et la minéralogie. Cet esprit
curieux de tout et qui a participé à la plupart des grands débats littéraires
et intellectuels de son temps est aussi un auteur foncièrement
hétérodoxe. Caillois est en effet l'auteur d'une oeuvre hétérogène,
empruntant simultanément au discours de la science et à la littérature
avant-gardiste - alliant imagination vertigineuse et souci
démonstratif. L'étude de cette démarche diagonale est au coeur du
présent ouvrage. Elle permet d'abord de sonder les raisons qui poussent
un auteur à inscrire ses créations dans un espace littéraire tendant
vers l'autonomie ou dans un espace scientifique avec ses partages
disciplinaires et sa rhétorique de la preuve. Ce questionnement,
qui concerne l'oeuvre de Caillois, mais aussi celles de Sartre et de
Leiris, sur lesquelles cet ouvrage s'arrête longuement, invite ensuite à
interroger les partages institutionnels entre littérature, sciences et
sciences humaines, et, à rebours, les transgressions, recevables ou
non dans un certain contexte, que leur font subir les écrivains. Pour
poser les premiers jalons de cette histoire du littéraire dans ses rapports
avec les discours scientifiques, Guillaume Bridet s'inscrit dans
le sillage d'une démarche interdisciplinaire qui fut celle de Caillois
lui-même et il reprend à nouveaux frais le dialogue entre sociologie et
psychanalyse. En mettant la sociologie de Bourdieu à l'épreuve de la
psychanalyse freudienne, il interroge les conditions qui rendent possibles
les créativités littéraire et scientifique, en même temps qu'il
considère les limites de sa propre scientificité.
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