« Presque tous les êtres qui sentent vivement les arts font un peu plus que de les sentir ; ils ne peuvent échapper au besoin d'approfondir leur jouissance. » Cette remarque de Paul Valéry résume parfaitement l'esprit qui a présidé à l'introduction, au coeur du XVIIIe siècle, de l'idée et du vocable même de l'« esthétique ».
La paternité de ce néologisme revient à Alexander Gottlieb Baumgarten, auteur d'une célèbre Aesthetica en deux volumes ; mais sa première occurrence remonte à un opuscule de 1735, les Méditations philosophiques sur quelques sujets se rapportant au poème. De ce texte généralement méconnu, Jean-Yves Pranchère propose ici une traduction révisée et annotée. La préface qu'y joint Pierre Sauvanet met en perspective une version inhabituelle de l'affaire esthétique, dont l'objet apparaît à la fois plus large et plus précis que chez des philosophes ultérieurs tels que Kant ou Hegel. Plus large, puisque l'esthétique de Baumgarten se présente comme une théorie générale de la connaissance sensible. Plus précis cependant, dans la mesure où c'est bien le poème qui condense de manière exemplaire toutes les qualités sensibles que devra élucider l'enquête esthétique, laquelle se trouve dès lors essentiellement liée à la rhétorique et à la poétique, et même plus spécialement à des questions de mètre et de rythme. Baumgarten recommandait, parmi d'autres exercices, qu'on écrivît chaque jour un poème. Qu'il y ait là un enjeu proprement philosophique est déjà une bonne raison de revenir à ce texte.
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