Grâce à la découverte d'une série de chroniques inédites et d'une
multitude de manuscrits, Paul Delsalle reconstitue, presque au
jour le jour, un événement dramatique et très méconnu de l'histoire
comtoise.
Henri IV a-t-il voulu conquérir la province ? Les témoignages sont
contradictoires. En tout cas, le roi de France a violé la neutralité de la
Franche-Comté, sans vergogne. Son armée a envahi et ravagé le pays
en 1595, rançonné les populations, détruit des dizaines de villages et
plusieurs villes. Toutefois, l'armée de Philippe II venue du Milanais (et
qui était plus «napolitaine» ou «italienne» que «castillane» ou
«espagnole»), s'est aussi mal comportée vis-à-vis des Comtois.
Les quatre saisons de l'année 1595 furent horribles et sanglantes.
Qui se souvient des pendaisons de Marnay, des sièges d'Arbois ou de
Vesoul, des combats d'Apremont, de la résistance héroïque de Salins, du
massacre de Mouthe ou des destructions d'Arlay et Château-Chalon ?
Comme le dit Pierre Matthieu de Pesmes : la Franche-Comté «en moins
d'un an fut étrangement affligée, des amis et des ennemis».
Le dépouillement minutieux des archives, et notamment des
lettres d'un espion italien, démontre que l'armée dirigée par Velasco,
connétable de Castille, n'a pas été écrasée par celle d'Henri IV mais a
été décimée par une épidémie (probablement une dysenterie) et a subi
de nombreuses désertions. Paralysée, elle ne pouvait plus agir contre les
troupes du roi de Navarre.
À la veille de l'invasion de la Franche-Comté, les Comtois n'étaient
pas prêts à se défendre contre l'ennemi français. L'enquête méticuleuse
menée par Paul Delsalle révèle surtout l'ampleur des compromissions et
des trahisons : des nobles et des marchands comtois «tenaient le parti
du Béarnais» et ont facilité l'invasion française.
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