Gosses de Tokyo, Le Fils unique, Récit d'un propriétaire, Été précoce, Voyage à Tokyo et Bonjour constituent le cœur de cette étude dédiée au cinéaste japonais Yasujirô Ozu. La singularité remarquable de son œuvre – sa virtuosité formelle, sa cohérence thématique – est bien souvent abordée à partir d’une dissociation entre son style et son intérêt persistant pour la famille dans le Japon qui lui était contemporain. Confronter la profondeur de la pensée du cinéma par le cinéma dont témoigne la réalisation d’Ozu au traitement de la précarité des communautés familiales permet de saisir la portée éthique de ses films. On y retrouve autant l’attention d'Ozu pour la vie collective que le soin qu'il porte aux potentialités expressives du cinéma, à commencer par sa disposition emblématique à (re)produire le mouvement. Procédant au désœuvrement de l’expressivité de son médium, Ozu révèle la capacité du cinéma de donner lieu à des mondes à partir de leur teneur sensible : c’est cette figure de l’impuissance du cinéma que retrace ce livre.
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