L'imaginaire national
Réflexions sur l'origine et l'essor du nationalisme
Qu'est-ce qu'une nation, et qu'est-ce que le sentiment national qui fait que des individus s'identifient corps et âme à d'autres individus qu'ils ne connaissent pas et ne connaîtront jamais ? Dans ce classique de l'historiographie anglo-saxonne, Benedict Anderson montre que l'adhésion à l'idée de souveraineté nationale n'a rien de naturel. Les sociétés traditionnelles étaient bien incapables de la concevoir, quelle que fût la force de leurs attachements ethniques ou territoriaux. L'auteur analyse les facteurs historiques dont la conjonction - comme celle de l'émergence du capitalisme marchand et de l'invention de l'imprimerie - a permis la naissance de ces singulières « communautés imaginées » que sont les nations.
Convoquant une riche gamme d'exemples, du Brésil à la Thaïlande en passant par l'Europe centrale et l'Amérique latine, l'auteur étudie l'interaction complexe entre la logique populiste et démocratique du nationalisme et les stratégies des régimes impériaux et dynastiques à la fin du XIXe siècle. Écrit dans un style élégant teinté d'une ironie typiquement britannique, l'ouvrage d'Anderson - traduit dans toutes les grandes langues européennes - offre à la fois le plaisir d'un certain raffinement intellectuel et l'utilité d'une introduction originale à un thème trop souvent traité de façon superficielle.
« Décapant et iconoclaste, le style de Benedict Anderson [...] sert une conception originale de la nation comme "communauté imaginée", dont la naissance est consécutive, selon l'auteur, à l'invention de la langue d'imprimerie, et dont l'essor est soutenu par le roman et la presse. Dans la ligne du marxisme de l'école de Francfort, [...] cette théorie du nationalisme comme artefact n'a pas pris une ride, à l'heure de l'éclatement de l'Europe en "petites nations". »
Le Monde
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