Internet a été salué comme un formidable outil de démocratie participative. On lui reconnait un rôle essentiel dans les mobilisations des Printemps arabes ou de Occupy Wall Street, et l'émergence de mouvements tels que Black Lives Matter ou #MeToo. Son image s'est toutefois dégradée à mesure que les réseaux sociaux ont été pointés du doigt pour leur participation à la propagation des fake news.
Jen Schradie, chercheuse à Sciences Po, montre comment le web est devenu une arme nouvelle dans l'arsenal des mouvements conservateurs.
Sur la base de la situation américaine, elle met en évidence trois facteurs déterminants dans la propagation des idées de droite sur internet : la fracture sociale, exacerbée sur le web, l'organisation hiérarchisée et les moyens financiers engagés par des partis de droite, et la nature même des messages relayés. Elle épluche les différentes couches de la surmédiatisation et met ainsi à jour un terrain numérique inégal, largement délaissé par la classe populaire, au profit de groupes réformistes de droite aux avant-postes du cybermilitantisme. L'analyse d'un système interconnecté d'organisations communautaires et professionnelles de droite lui permet de réfuter les récentes allégations selon lesquelles des individus comme Trump, des réseaux d'informations comme Breitbart, des plateformes comme Google ou encore des pays comme la Russie seraient les seuls responsables de la situation actuelle.
En parallèle de l'émergence de mouvements comme #NuitDebout ou des Gilets jaunes, la montée en popularité d'Éric Zemmour confirme que la France n'est pas épargnée par le phénomène.
À l'heure où l'activisme hashtag fait les gros titres, le cybermilitantisme radical s'avère redoutablement efficace. Il accélère et renforce les rapports de classe et la polarisation idéologique de nos sociétés.
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