Au printemps 1947, Marcel Carné et Jacques Prévert ont tourné un film à Belle-Île-en-Mer, La Fleur de l'âge. Celui-ci s'inspirait de la mutinerie survenue en 1934 dans le bagne d'enfants érigé non loin du Palais, le principal port de l'île. Il y était question d'amours impossibles entre un mutin en cavale (Serge Reggiani) et une riche estivante (Arletty), entre une jeune îlienne (Anouk Aimée) et un innocent mis en cage... De cette nouvelle collaboration, la huitième, le public attendait un chef-d'oeuvre du même tonneau que Le Quai des brumes ou Les Enfants du paradis. Et, en effet, de l'avis unanime de ceux qui en avaient visionné les premières séquences, cette cuvée promettait un sommet. Mais le chantier resta en suspens, interrompu par les vents contraires. Et du film inachevé, pas une séquence ne subsiste, ni même un rush. Rien donc, sinon quelques photographies de plateau. Malchance ? Torpillage ? La malédiction susciterait pas mal de rumeurs et autant de fausses pistes...
Le narrateur part à la recherche des bobines disparues, stimulé par de maigres indices et le témoignage de rares survivants. Son enquête fournit un fil conducteur à l'évocation du cinéma français de l'âge d'or, depuis les années fébriles de l'immédiat avant-guerre, jusqu'à celles plus troubles encore de l'épuration ; une fresque oui, mais pitoyable et glorieuse, étincelante et pourtant entachée de zones d'ombre...
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