Dans une île de la côte atlantique, des garçons, âgés
de sept à quatorze ans, vivent clandestinement une
existence autonome. Issus de familles que tout
oppose, du fils de maraîcher au fils de notable, leur
bande se livre à des chapardages, puis à des cambriolages
en règle, avec toutes les conséquences qui s'ensuivent.
C'est énorme, irrespirable et d'un réalisme à faire peur.
Caricature ? Oui, bien sûr, mais outre que la caricature est
légitime, sommes-nous bien certains que la réalité ne vaille
pas la fiction ?
Car Tony Duvert est un étonnant écrivain ! Sur un fond de
langue classique et très «tenue», il brode toutes les arabesques
de l'invention délirante, de l'argot, du jeu de mots
juvénile, de la vulgarité la plus pâteuse. C'est de la grande
virtuosité. Pour l'amateur de prouesses littéraires, un régal.
De l'écriture à l'état pur, du langage brûlant comme une lave,
une intuition cocasse du «discours» populaire et petit-bourgeois.
Quand on tombe là-dessus, sur l'invention verbale, le
plaisir aigu de raconter et de donner voix à des personnages,
sur une langue, nul doute : on se trouve devant un écrivain.
François Nourissier, de l'Académie Goncourt,
Le Figaro Magazine, 17 mars 1979
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