La notion d’identification appartient au langage courant et à celui de la psychologie. Elle désigne généralement un phénomène propre à la relation avec autrui et son usage recoupe celui de notions telles que l’imitation, la sympathie, la participation affective, la contagion mentale. L’expérience et l’écriture freudiennes ont produit une mutation dans ce champ sémantique de l’intersubjectivité. En psychanalyse, l’identification ressortit aux processus inconscients ; elle obéit à des lois qui subvertissent les données de la psychologie empirique et philosophique. Ce travail d’analyse et de déconstruction du langage et, par conséquent, de l’expérience, est suivi dans le présent ouvrage en serrant au plus près les textes de Freud. Que l’identification y apparaisse d’emblée comme un processus de formation de symptômes et une modalité du refoulement, suffit à indiquer la direction et l’enjeu de la recherche psychanalytique. À mesure que se développent pour Freud la pratique clinique et sa conceptualisation, l’identification se trouve prise dans un réseau de plus en plus complexe de concepts : l’inconscient, la sexualité, les vicissitudes pulsionnelles, le narcissisme, la répétition, la pulsion de mort, l’œdipe, la castration. Ce livre s’efforce de montrer la solidarité de l’élaboration du concept d’identification avec le mouvement des remaniements de la problématique freudienne dans sa singulière histoire, en indiquant les questions que Freud a laissées ouvertes, inachevées, et la manière dont les psychanalystes, aujourd’hui, tentent d’en poursuivre l’énonciation.
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