RILMA
Le noyau du RILMA est constitué par la collection des volumes du Corpus, dans laquelle sont présentés, reproduits dans leur intégralité, et commentés, les cycles d'illustrations des oeuvres de la littérature du Moyen Âge, tous domaines confondus. Le but est de mettre à la disposition de la communauté scientifique un matériau essentiel, dans une démarche analogue à l'édition critique des textes. L'autre volet du RILMA comprend la collection des Études, qui confrontent les enluminures à tous les autres champs de la création artistique, et examinent leur place dans l'histoire culturelle du Moyen Âge. La création du RILMA a bénéficié d'un projet de recherche retenu par l'Institut Universitaire de France, dans le cadre de la chaire d'iconographie médiévale.
Composé vers 1210 par Guillaume, un clerc laïc originaire de Normandie et habitant l'Angleterre, le Bestiaire divin est la traduction versifiée du texte de la première famille du Bestiaire latin augmenté de sermons empruntés à d'autres sources et de développements de l'auteur. Il comprend généralement trente-neuf chapitres précédés d'une préface et d'un prologue. Chaque chapitre est consacré à un animal dont les caractéristiques sont décrites puis interprétées comme autant d'allégories morales et mystiques.
Les manuscrits du Bestiaire sont souvent accompagnés des représentations des animaux dont ils traitent. Ces enluminures jouent un rôle important en éclairant le sens de ces ouvrages, comme supports iconographiques permettant de dépasser l'apparence des animaux, leur sens littéral, pour en saisir la dimension allégorique.
Dédié à un seigneur laïc, le Bestiaire divin témoigne du passage d'un texte relevant initialement d'une littérature didactique destinée aux écoles monastiques et capitulaires, dans la sphère de la littérature courtoise d'édification. Par sa traduction vernaculaire, le Bestiaire, initialement conçu pour faciliter l'exégèse biblique, devient un ouvrage d'édification morale à vocation parénétique accessible à un lectorat laïc.
Le Bestiaire divin nous a été transmis par vingt-cinq témoins, dont la moitié sont enluminés mais le manuscrit de Paris, BnF, français 14969, enluminé dans le sud de l'Angleterre vers 1265-1270, est un des rares qui comprend l'illustration des interprétations allégoriques des animaux.
Le RILMA, dans ses deux volets - le Corpus, les Études - se fonde sur la redéfinition et l'analyse des cycles iconographiques du livre médiéval, dans le triple but :
Les séquences de ces enluminures ne constituent pas un décor pittoresque, mais un réseau porteur de sens. Ces cycles sont le résultat de choix et de regroupements de données qui fonctionnent selon des codes différents de ceux de l'écriture, ces codes évoluant par ailleurs selon les périodes. La sélection de notions, de personnages, d'unités narratives, de symboles, leurs relations internes, leur distribution en cycles, et la répartition des éléments du cycle dans la page, comme dans la séquence globale de l'ouvrage, créent un monde de faits, de thèmes, de concepts, qui tisse à l'intérieur du corpus littéraire un réseau propre, qui n'en est pas certes séparé, mais qui n'en est pas non plus le décalque ni la simple illustration. L'ensemble de ces cycles enluminés constitue le support visuel spécifique d'une géographie mentale du savoir.
Le noyau du RILMA est constitué par la collection des volumes du Corpus, dans laquelle sont présentés, reproduits dans leur intégralité, et commentés, les cycles d'illustrations des œuvres de la littérature du Moyen Âge. Le Corpus englobe l'ensemble des domaines de la littérature, que les textes soient anonymes ou d'auteurs identifiés. Mais il ne prend en compte un ouvrage que si son illustration propose soit un cycle soit une série de thèmes iconographiques qui lui sont propres. Le Corpus du RILMA n'est pas un répertoire de toute l'enluminure, ni de tous les thèmes que l'on y trouve. L'unité de base est l'œuvre littéraire.
Pour chaque œuvre retenue, le but est de présenter le cycle iconographique dans la forme qu'il prend dans la plupart des manuscrits conservés de ce texte, dans une version qui doit être complète et significative. Le manuscrit choisi ne sera pas nécessairement le plus important pour ses qualités esthétiques, mais la série de ses enluminures doit être à la fois aboutie sur le plan iconographique, et proche de la formule originale connue ou supposée.
Chaque volume comprend une présentation générale de l'œuvre, puis de son cycle iconographique et des variantes majeures éventuelles ; un commentaire des enluminures comprenant description et interprétation ; une liste des manuscrits conservés ; une bibliographie ; la reproduction intégrale du cycle. Le but n'est pas de produire sur ces ensembles iconographiques des études définitives, mais de mettre à la disposition de la communauté scientifique un matériau essentiel, dans une démarche analogue à l'édition critique des textes.
Le RILMA est un programme d'histoire de l'art, mais qui prend tout son sens dans une recherche collective, internationale et interdisciplinaire.
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