Ils s'appellent Cecilia, Maximin Daga, Jean-Baptiste ou Lindor... Tous sont esclaves en Guadeloupe, a la Reunion et en Martinique dans la premiere moitie du XIXe siecle. Ils s'expriment, libres et sans fers, selon l'expression consacree des tribunaux, lors de proces tenus en raison de larcins, de rixes, de mauvais traitements, parfois de meurtres. Leurs temoignages inedits racontent le quotidien de ces hommes, femmes et enfants, soumis aux chatiments les plus rudes qui entretenaient la terreur et provoquaient parfois la mort.
Ces precieux fragments de vie eclairent les conditions de vie des esclaves sur les plantations et en dehors, les liens qui les unissent a leurs pairs (solidarite mais aussi violence) ou a leurs maitres et commandeurs, leur culture et les moments privilegies ou ils peuvent echapper aux imperatifs de leur statut. Ni rebelles obsedes par la destruction de la societe coloniale ni alienes, ils projettent une humanite digne face a des maitres qui le plus souvent refusent de renoncer au pouvoir absolu sur cette main-d'oeuvre jusqu'au bout assimilee a leur propriete.
Frederic Regent est maitre de conferences a l'universite Paris 1-Pantheon- Sorbonne. Il est rattache a l'Institut d'histoire de la Revolution francaise et a l'Institut d'histoire moderne et contemporaine (CNRS, ENS, Paris 1).
Gilda Gonfier est directrice de la mediatheque de la ville du Gosier (Guadeloupe) et consacre des recherches aux proces d'esclaves.
Docteur en histoire, Bruno Maillard est chercheur associe au CRESOI/ Universite de la Reunion, charge d'enseignement a l'universite de Paris-Est Creteil et conseiller scientifique au sein de l'association Protea.