Sous les ciseaux de la censure.
L'engagement de L'Humanité contre la guerre colonialiste en Algérie lui valut un déferlement de procès, de censures, de saisies de la part des gouvernements successifs pendant huit ans, quelle que fût leur couleur, de droite ou socialiste. Saisi à 27 reprises, le quotidien fera l'objet de 150 poursuites.
La première saisie de L'Humanité remonte au 24 août 1955. Le journaliste, ancien déporté de Buchenwald, est déclaré persona non grata et expulsé d'Algérie.
Ceux qui n'ont pas connu cette époque auront du mal à imaginer la frénésie ayant alors saisi les autorités politiques et militaires en place. La cascade de saisies qui s'abattit sur L'Humanité s'accompagna régulièrement d'amendes au montant faramineux. Ainsi, du numéro en date du 7 mars 1961 sorti une nouvelle fois avec une page blanche, marquée en son centre de ce seul mot : " Censuré. " À l'origine de la saisie, un article de Madeleine Riffaud sur les tortures pratiquées à Paris même, en particulier dans les locaux du commissariat de la Goutte-d'Or, dans le XVIIIe arrondissement.
Cette boulimie d'interdictions provoque parfois des effets contraires à ceux visés. Ainsi, lorsque L'Humanité est saisi pour la huitième fois, le 30 juillet 1957, pour la publication d'une lettre de l'ancien directeur d'Alger républicain, Henri Alleg, emprisonné et torturé dans l'immeuble d'El-Biar, la censure contribua-t-elle à amplifier l'émotion dans l'opinion.
Une page noire de la liberté de la presse en France.
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