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21 mars 2007 : un mois avant le premier tour de la Présidentielle, le recteur de l’Académie de Lyon, Alain Morvan, est limogé pour « manquement répété à son obligation de réserve ». La motivation est rarissime. Officiellement, elle a été prise à la demande du Ministre de l’Education Gilles de Robien. Mais Alain Morvan désigne aussitôt l’Intérieur et son ministre-candidat, Nicolas Sarkozy. L’affaire débute quelques mois plus tôt. A l’été 2006, Alain Morvan s’est opposé au projet d’ouverture du groupe scolaire Al Kindi, du nom d’une association soutenue par l’UOIF, les Frères musulmans et les islamistes. Selon lui, le site d’implantation du lycée musulman n’est pas conforme aux normes de sécurité. Le recteur est immédiatement convoqué Place Beauvau, où on lui conseille de se résigner. Essuyant la colère des milieux islamiques qui manifestent à ses fenêtres, femmes voilées en tête, au cri de « Morvan taliban », le recteur s’entête, convaincu, devant les pressions de sa hiérarchie et de la préfecture du Rhône, de faire son devoir en s’opposant à un « mensonge d’Etat ». Mais Alain Morvan n’en est pas à son premier combat. En 2004, brisant avec la tolérance dont jouit l’extrême-droite à l’université de Lyon III, il exige des poursuites disciplinaires contre Bruno Gollnisch pour propos négationnistes. De cette époque où il n’épargne pas les déclarations publiques, toujours brillantes, datent ses désaccords incessants avec son ministère… Le 11 juillet dernier, quelques semaines après sa révocation, alors que le préfet du Rhône vient d’être promu commandeur de la Légion d’honneur, Alain Morvan est mis en examen à la demande de Bruno Gollnisch, précédemment condamné. L’affaire est en cours. Aujourd’hui « redevenu un universitaire, c’est-à-dire un homme libre de parole et de pensée », l’ancien recteur accuse. Dans un récit captivant, il revient en détail et sans « réserve » sur ces deux affaires aux rebondissement multiples. Gaulliste de cœur, à qui la droite n’a jamais pardonné d’avoir des années durant travaillé en bonne entente avec les élus de gauche, il défend une certaine idée de la République. Et, le verbe haut, tantôt lyrique, tantôt railleur, il dénonce, faits et paroles à l’appui, l’affairisme, l’omerta, le clanisme, l’esprit « munichois » et « vichyste » d’une certaine bourgeoisie et d’une partie de nos administrations, jusqu’aux ministères parisiens.