
« Notre pays a toujours été un pays de passage, livré aux guerres et aux destructions », note le narrateur de L'Homme sans langue. À ses habitants, les vainqueurs prenaient tantôt la terre, tantôt la liberté. Mais ils n'avaient jamais songé à leur ôter ce qui était leur âme : leur langue maternelle. « À l'école, se souvient le narrateur, on chantait Heil dir im Siegerkrantz, « Gloire aux vainqueurs », et on ajoutait, à moitié en cachette, Hardepfel un Harigschwanz, « Pommes de terre et queue de hareng ». »
Mais que se passe-t-il lorsqu'on est dépossédé même de cette langue du plus profond de soi ? Lorsqu'on est réduit au pire exil intérieur, à l'aphasie ? C'est cette expérience que vit, dans le roman d'Adrien Finck, l'Homme sans langue. « Redd wiss, Nêger, lui ordonnent tour à tour les vainqueurs, « Parle blanc, Nègre. « » Jusqu'à l'en faire mourir. Ce pays « de vergers, de saules et de champs », labouré par les guerres, est-il d'hier ou d'aujourd'hui ? De quel coin d'Europe, ou du monde ? Au bord du Rhin, de l'Ill, ou de quel autre fleuve ?
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