Les Etats-Unis n'ont pas eu de responsabilité directe dans l'extermination des juifs d'Europe. Pourtant, l'Holocauste, devenu pour nous la Shoah, a conquis outre-Atlantique, depuis le début des années soixante-dix, en obéissant au même rythme qu'ailleurs - amnésie et refoulement, puis resurgissement du souvenir et réveil quasi obsessionnel de la mémoire -, une place sans cesse croissante et désormais centrale pour la conscience américaine tout entière.
Cette omniprésence est-elle souhaitable, est-elle durable ? C'est la question, politiquement peu correcte, qui a inspiré Peter Novick - historien à Chicago, juif lui-même et auteur apprécié du livre classique sur l'épuration en France à la Libération - dans cette enquête sur l'américanisation de l'Holocauste.
L'auteur y précise, détaille, scrute les cheminements spécifiques et les motifs proprement américains du relatif oubli au moment de la guerre froide, puis, à partir du procès Eichmann (1961) et de la guerre des Six Jours (1967), la politique sioniste des organisations juives s'emparant du thème pour justifier notamment un soutien sans faille à Israël et finissant, à la faveur d'une généralisation de l'idéologie des droits de l'homme, par imposer une religion de la Shoah. Religion qui débouche sur l'entretien d'une mémoire à ses yeux largement artificielle, mais appelée à devenir le socle de l'identité juive dans une société où la pression extérieure de l'antisémitisme est en voie d'extinction.
Certains ont soutenu que le dossier historique, riche et documenté, frôlait le plaidoyer accusateur. D'autres ont souligné les aspects réducteurs ou polémiques de l'argumentation. Nul n'a mis en cause le sérieux, l'honnêteté et même le courage qui ont fait de ce travail sur un sujet sensible l'ouvrage de référence.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.