L'histoire savante devant le fait chrétien
L'histoire savante telle que nous la pratiquons aujourd'hui, avec ses exigences rigoureuses et son infinie curiosité, est le fruit d'une longue histoire (Homère, Hérodote, Thucydide), mais une invention récente. Renan la tenait encore pour « une petite science conjecturale ». Elle s'est hissée depuis lors au niveau des « sciences historiques » avec leurs grands congrès internationaux.
Mais si elle s'est imposée comme une exigence et une dimension de notre culture contemporaine, elle a cessé d'être une évidence, légitimée par son positivisme et son objectivité. Le « fait en soi », c'est un peu le noumène selon Kant. En réalité, il n'existe de fait historique que vérifié et établi, c'est-à-dire construit, dans les limites de la simple raison.
Si telle est la situation, quelle peut être la position du fait religieux - et plus particulièrement chrétien - dont la source et la nature sont non l'observation, mais la révélation ? Est-il possible de continuer à écrire l'histoire de l'Église, l'histoire du christianisme, l'histoire des religions comme on peut le faire d'un objet naturel ? La théologie s'est longtemps
présentée comme la « reine des sciences » : elle n'est plus qu'une reine déchue dans le champ des savoirs. Quelle place lui reste-t-il dans notre société et notre culture laïques ?
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