L'histoire économique n'est pas d'abord celle de l'Europe. La genèse de l'économie moderne est aussi orientale, comme le montre, bien avant notre Renaissance, la circulation afro-eurasienne des biens, des hommes et des techniques. Ce livre analyse des réseaux commerciaux asiatiques plurimillénaires, la technicité financière du monde musulman entre VIIIème et XIème siècle, le poids récurrent d'une Chine qui, la première, conçut à peu près toutes les techniques productives de base. Il cherche à comprendre les institutions de ces premiers échanges globaux, notamment les diasporas qui, après l'effondrement de l'empire romain, continuent d'animer les faibles échanges intra-européens sur un modèle pratiqué de longue date sur les routes de la Soie. Notre eurocentrisme spontané n'en sort pas indemne : l'Europe est longtemps dépassée par l'Orient, en matière de PIB par tête, de croissance démographique, d'urbanisation, de techniques. Si l'histoire économique globale cherche à comprendre ces inégalités à travers le concept de système-monde, elle est surtout confrontée à un paradoxe de taille : comment l'Europe, économiquement plus fruste, peut elle connaître cet essor spectaculaire à partir du XVIème siècle ? C'est le défi que relève cet ouvrage en construisant pas à pas l'originalité du capitalisme européen, de fait largement fondé sur l'économie globale qui l'a précédé.
Philippe Norel est économiste à l'Université de Poitiers et Professeur à Sciences-Po. Il a notamment publié L'Invention du Marché. Une histoire économique de la mondialisation (Seuil, 2004).
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