Chistoire-caméra
L'histoire a toujours fasciné le cinéma. En témoigne, depuis les origines, l'attirance des metteurs en scène pour les reconstitutions historiques. Très vite, également, elle s'est invitée dans les images, transformant les films en archives visuelles du XXe siècle. Ces deux mouvements - l'histoire reconstituée et l'histoire surgissant à l'écran - manifestent la rencontre du cinéma et de l'histoire : le cinéma donne une forme à l'histoire, laquelle, en retour, y inscrit son empreinte comme sur une plaque sensible. Le septième art aurait-il une dimension historique intrinsèque ? La réponse d'Antoine de Baecque est sans équivoque : « La forme cinématographique est de part en part historique, et le cinéaste, doté de son outil, l'histoire-caméra, un historien privilégié. »
Le cinéma moderne d'après la Seconde Guerre mondiale incarne l'irruption de cet « âge de l'histoire » dans la vision des films. Il fournit à lui seul toute la matière de ce livre : les oeuvres des années 1950, confrontées en regards caméra au traumatisme de la mort de masse ; celles de la Nouvelle Vague, quand le style se fait trace du mal-être de la jeunesse sur fond de guerre d'Algérie, les films « démodernes » du cinéma russe d'après le communisme ; le cinéma hollywoodien contemporain, où se reflètent les fictions maîtresses du 11 Septembre. S'y ajoutent les mises en forme de Sacha Guitry, filmant l'histoire de France en son château, de Jean-Luc Godard, qui fait resurgir l'histoire dans la mémoire muséale du siècle, et de Peter Watkins, qui la traque comme un reporter de guerre.
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