En avril 1823, les « cent mille fils de Saint Louis » entrent en Espagne pour combattre les armées du régime constitutionnel des Cortès. Au terme d’une campagne militaire de quelques mois, le pays est soumis, Ferdinand VII « restauré » en roi absolu. Le présent ouvrage revient sur cet épisode peu connu de l’histoire de la Restauration où une armée française, huit ans seulement après la fin de l’Empire, a mis son épée au service de l’ordre monarchique de la Sainte-Alliance. Il s’agit là finalement de l’une des premières « guerre d’ingérence » de la période contemporaine. En France, cette intervention militaire avive les tensions politiques dans un contexte où l’équilibre instauré par la Charte de 1814 est soumis à rude épreuve par les menées subversives des sociétés libérales et les excès de la droite contrerévolutionnaire. Le gouvernement essaie de donner à cette guerre des contours qui la rendent acceptable, qui puissent éloigner les spectres du passé qui ressurgissent à cette occasion. Les souvenirs des saignées napoléoniennes se mêlent aux réminiscences d’une gloire dont l’ombre étouffe le prestige de la dynastie des Bourbons. La victoire est magnifiée par le régime qui entend par là asseoir sa légitimité. En Espagne, l’armée française triomphe facilement sur le terrain même où les armées impériales ont connu leurs premiers échecs. Mais le duc d’Angoulême qui conduit cette armée comprend rapidement que lorsque l’on intervient à main armée dans les affaires intérieures d’un état déchiré par la guerre civile, le problème majeur n’est pas d’obtenir une victoire militaire mais de préparer les lendemains de cette victoire.
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