L'exil des renards agit comme un sésame sur l'imaginaire
du lecteur. S'agit-il d'une incantation qui sonde les
forces mystérieuses de la passion ? D'un chant qui
vise à cautériser les plaies qu'engendre ses fureurs ?
En même temps se fait entendre une incitation à «la
fuite magnifique», de celle qui renverse l'empire des
contingences. Mais aussi un appel à tout ce qui permet
de retrouver les joies archaïques, telles les privautés de
la morsure. On est emporté par les images aiguisées
comme des canines, par le rythme syncopé des césures,
par la pudeur des confidences retranchées dans leur
tanière. Et le conditionnel des verbes réveille le fabuleux
bestiaire tapi au fond de l'enfance, et qui murmure à
nos oreilles : «car c'est vivre que je veux».
En cognant l'un contre l'autre la parole et le silence,
Mira Wladir fait jaillir les étincelles qui éclairent les
soubassements de notre mémoire, là où les peurs et
les désirs de chacun se promènent dans une nudité
originelle.
Olivier Beetschen
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