C'est avec les Lettres sur Rousseau que Madame de Staël entre vraiment dans cette carrière des lettres dont elle dira plus tard qu'elle est, pour une femme, le « deuil éclatant du bonheur ». Nous sommes à la veille de la Révolution. Quelques années plus tard, c'est à la fois dans la désillusion politique et à travers une expérience terrible de la violence faite aux femmes qui se mêlent de penser et d'écrire qu'elle livrera le poignant De l'influence des passions, tiraillé entre la parole générale du traité moral et l'éclat bouleversé d'une voix personnelle qui cherche, en des temps de détresse et de radicalité, l'équilibre de la passion et de la raison, de l'universel et du particulier, de l'énergie révolutionnaire et des consolations de la modération. Plus tard, après l'épreuve, sous l'Empire, de la censure, de l'exil et de la fuite, c'est sous les deux de ce « Nord » auquel elle avait, dans De la littérature, conféré la marque de la mélancolie, qu'elle tâchera, avec les Réflexions sur le suicide, d'opposer le frêle barrage de la résignation religieuse aux tempêtes de l'Histoire. Accompagné du texte, laissé inachevé et à l'état manuscrit, ici présenté sous le titre De l'éducation de l'âme par la vie, ce volume donne à lire un massif où, du pathétisme mesuré des Lettres sur Rousseau à la morale anxieuse des Réflexions sur le suicide. Madame de Staël, tour à tour critique littéraire, penseur politique, moraliste, célèbre le « soleil noir » de la littérature.
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