Début 1912, dans la station thermale du Mont-Dore où sa femme Fanny prenait les eaux, Félix Fénéon succomba au charme d'une jeune « danseuse de caractère »... Il avait alors cinquante et un ans, Suzanne Des Meules vingt-quatre. Cette différence d'âge ne transparaît guère dans les lettres de celui qui signe parfois « Félicie ». Enjouées, érotiques, spirituelles, elles révèlent une constante « légèreté de l'être » tout au long de leur tendre et libre relation, qui dura jusqu'à la mort de Fénéon en 1944 : « Donne-moi de tes nouvelles, lui écrit-il en 1916, et dis-moi si ton con divin est toujours à sa place, entre ton doux ventre et ton cul adoré. Je t'embrasse sur le recto et le verso de ta page érotique, sur l'avers et le revers de ta médaille à l'effigie de Sapho, sur le côté face et le côté pile de ta pièce au millésime 69. »
À la fin des années 60, Joan U. Halperin montra quelques-unes de ces lettres retrouvées à Jean Paulhan, qui en fut « un peu sonné », lui qui avait connu un « Fénéon si délicat, usant de tant de circonlocutions pour dire bonjour et bonsoir, et tout d'un coup... Bien ».
Illustrées par des photographies d'époque, des oeuvres d'Émile Compard, de Paul Signac et de Séverin Rappa, voici 70 lettres et enveloppes rimées (que n'aurait pas reniées Mallarmé) envoyées par Félix Fénéon entre 1913 et 1942 (complétées par 5 lettres de sa veuve) à celle qu'il appelait Noura.
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