J'ai eu deux chevaux tués sous moi à la bataille de Preussisch-Eylau, un très léger coup de sabre dans le bras gauche, semblable à une piqûre d'épingle: ma capote, mon habit, mon gilet et ma chemise me préservèrent d'une blessure dangereuse. Tous ces accidents ne m'empêchèrent pas de monter un troisième cheval et de me remettre à mon rang. Dans les différentes charges que nous fîmes, j'eus le bonheur de me faire remarquer de mes supérieurs et sur le terrain même j'ai reçu des éloges. Je regarde comme un très grand miracle d'être encore du monde des vivants .
En l'an IX, année de ses 20 ans, Louis Vesuty s'enrôle au 10e régiment de dragons. Il y deviendra officier, prendra part à la plupart des campagnes de Napoléon et participera à plusieurs grandes batailles: Austerlitz, Eylau, Friedland, Fuentes de Oñoro, Dresde, Leipzig, Reims, Ligny, Waterloo...
Dans ses lettres écrites durant quinze années de campagne, il évoque ses misères, les dangers, ses fatigues, passions et espérances et, bien sûr, les combats, heureux ou malheureux. Ces lettres d'un dragon de l'an IX devenu officier de lanciers ont un parfum de vérité, de simplicité et d'humanité celles d'un militaire qui n'est pas informé des projets des états-majors mais qui accomplit son devoir, dans la foule des héros anonymes.