Lettres du bosphore
« La Turquie m'a ouvert au monde. J'ai appris à y penser autrement. Je me souviens encore lorsque j'avais 15 ans et que mon beau-père évoquait au cours du petit déjeuner familial l'Anatolie et sa profondeur historique, le déroulé de ses cultures et Istanbul ensuite. Une ville où j'ai fini par aller, la ville monde par excellence, qui puise à tant de sources, une ville de concepts qui se présente derrière le visage d'un melting pot où rien n'est fait pour durer ni même séduire, où l'on apprend à relativiser, où l'on demeure interdit devant un tel creuset d'humanités.
Istanbul ne serait rien sans ses pourtours, sans la mer Noire et les Balkans, la Grèce, la Méditerranée, le Caucase, les mondes arabe et persan. Un carrefour, un lieu de rencontres et d'échanges. Il ne s'agit pas d'une île comme je l'ai longtemps pensé mais d'un continent perdu, à la dérive souvent. Istanbul n'est plus Constantinople. Une fracture qui n'est pas seulement idéologique, mais sensorielle. Une ville qui hésite, une ville qui se morfond dans un coeur abîmé. Une ville où j'ai pourtant été heureux. Le temps ne se récupère pas. Je cherche toujours Istanbul. »
S. de C.
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