Avant de mourir, à 41 ans, Guy Hocquenghem a tiré un
coup de pistolet dans la messe des reniements. Il fut un
des premiers à nous signifier que, derrière la reptation des
«repentis» socialistes et gauchistes vers le sommet de
la pyramide, il n'y avait pas méprise mais accomplissement.
On sait désormais de quel prix - chômage, restructurations,
argent fou, dithyrambe des patrons - fut payé
un parcours que Serge July résuma en trois mots : «Tout
m'a profité.»
Cet ouvrage qui a plus de vingt-cinq ans ne porte guère de
ride. L'auteur nous parle déjà de Finkielkraut, de BHL, de
Cohn-Bendit, de Bruckner. Et déjà, il nous en dit l'essentiel.
Renonçant aux apparences de la bienséance, Guy
Hocquenghem a usé de la truculence, de la démesure. Son
livre éclaire le volet intellectuel de l'ère des restaurations.
Les forces sociales qui la pilotaient tiennent encore fermement
la barre ; les résistances demeurent éparses et
confuses. Nous ne sommes donc pas au bout de nos
peines. Les repentis ont pris de l'âge et la société a vieilli
avec eux. L'hédonisme a cédé la place à la peur, le culte de
l'«entreprise» à celui de la police. Favorisés par l'appât
du gain et par l'exhibitionnisme médiatique, de nouveaux
retournements vont survenir. Lire Guy Hocquenghem nous
arme pour y répondre avec ceux qui savent désormais où
ils mènent.
Extrait de la préface de Serge Halimi
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