«J'ai cru que, par le biais de cette lettre, j'allais te transmettre
ce que je n'ai pu faire avec personne, y compris moi-même. Je
t'ai raconté en effet ce que je n'osais pas divulguer auparavant.
À mesure que je t'écrivais, je me rapprochais de toi. Nous nous rapprochions
l'un de l'autre et nous étions rassurés. Nous avions
besoin de sentir que nous n'étions pas seuls, que la solitude poussait
dans des champs éloignés. C'était en tout cas notre désir commun,
mais nous ignorons ce qui a pu l'affecter. Ni toi ni moi ne
le savons. Quelqu'un d'autre le sait-il ?
Voilà que je découvre, en alignant les derniers mots, que
notre relation a pris fin alors que ma lettre reste inachevée. L'instant
qui suffit pour qu'un amour commence et s'achève est trop
court pour que l'on puisse rédiger une seule lettre semblable à
celle que je n'arrête pas de t'écrire depuis notre rencontre.»
Ainsi prend fin Lettre aux deux soeurs. Ainsi pourrait-elle commencer
! Ici, l'absent devient le confident, l'amant de toujours.
Écrire des lettres à une amante et se rendre compte, plus tard,
que ces lettres étaient aussi lues par sa soeur ! Deux soeurs : flamme
double. Un jeu de miroirs qui se trouve également dans le style de
l'écriture où la parole est multiple, car l'auteur confond la sienne
propre et celle d'autrui, trouvée dans d'autres livres, sur une main
peinte dans une grotte préhistorique, sur une toile du Caravage,
dans une statue de femme nue au Parc de Bagatelle, et jusque dans
les cordes vocales de Kathleen Ferrier...
Plus qu'une lettre, Lettre aux deux soeurs est un hymne à
l'amour, un regard profond sur les êtres et les choses, une quête
d'harmonie et de beauté, loin de toute violence.
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