Carré
En notre fin du XXe siècle où l'Etat et ses multiples modes d'intervention sont remis en question, il est peut-être difficile d'imaginer un temps où cet Etat, confondu avec le pouvoir d'un roi sacré mais mortel et de ses serviteurs, devait tout à la fois démontrer la nécessité de son existence et chercher les moyens de s'imposer sur un territoire en partie inconnu et face à des hommes qui prétendaient continuer à vivre sans lui.
L'Etat monarchique n'était cependant dépourvu ni de justifications ni de moyens : la fonction de juge suprême exercée par le roi faisait de ce dernier le garant ultime de l'ordre intérieur ; le rôle joué par le pouvoir royal face à la menace anglaise lui avait fait reconnaître - fait exceptionnel dans l'Europe du XVe siècle - le droit permanent de lever des impôts et d'entretenir des hommes d'armes.
Sur cette base élémentaire, une logique simple se développe du XVIe au XVIIIe siècle : augmenter la puissance du roi tant vis-à-vis de ses sujets que des autres souverains. Une telle logique ne va pas, on s'en doute, sans tâtonnements, échecs ni compromis ; elle construit peu à peu la conscience d'une domination irrésistible, absolue, et invente des instruments symboliques, théoriques et institutionnels capables de l'affirmer.
Ce livre tente de restituer ce long parcours et de montrer son inscription dans les croyances, les savoirs et les représentations du monde propres à la culture des Temps modernes. Il s'adresse aussi bien aux étudiants de 1er et 2e cycle en Histoire qu'à tous ceux qui s'interrogent sur les origines de l'Etat contemporain.
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