Qui veut encore parler de la littérature aujourd'hui ? Le sujet est souvent considéré comme épuisé par ceux qui font pourtant profession de s'y intéresser. Et si l'épuisement caractérisait moins la question de la littérature que notre démarche critique ? Nous devons dépasser cette époque de transition. En France surtout, les quatre dernières décennies de critique littéraire ont été dominées par l'approche philosophique, puis par un recours massif à l'histoire. L'exploration du passé comme l'exhibition de la pensée rationnelle peuvent certes apporter beaucoup à la lecture. Mais toutes deux retranchent infiniment à la littérature, si elles en font leur chose. Or les oeuvres littéraires ne constituent pas de simples objets de réflexion, car elles parlent déjà le langage de la connaissance. Elles sont pleines de concepts, condensent des traités entiers en quelques vers, jouent sur les mots, modifient les citations en les insérant dans une nouvelle trame narrative. Nous sommes loin, ici, des sources ou des influences. C'est une véritable métamorphose des discours qui a lieu dans la littérature. Il n'est par conséquent plus question d'appliquer aux textes les procédures et les résultats de l'histoire ou de la philosophie. À rebours plutôt, un poème, un roman, un drame changeront notre manière de lire et d'écrire les disciplines. Le présent ouvrage prend ainsi la forme d'un « retour à l'envoyeur » et montrent que les logiques les plus structurantes de l'histoire et de la philosophie sont déjouées par l'élaboration poétique. Les chapitres s'attachent à des corpus circonscrits (ceux de Nerval, Genet, Maupassant, Sartre, Baudelaire, Bataille, Proust ou Artaud), tout en regardant plus loin : vers la philosophie contemporaine, les traités d'histoire universelle ou la poétique des ruines.
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