Et ce texte jouit sans fin, les mots s'y tendent comme les mains
se tendent pour caresser et embrasser la nuit : les signes s'accouplent
avec le touchable pour presser les courbes de la terre
comme les membres touchants s'unissent aux reliefs de l'obscurité
pour creuser la matière et jouir en son sein.
C'est la joie des yeux fermés, le déploiement des doigts amoureux
de l'invisible.
Les mots s'y tendent comme les yeux se tendent pour s'unir l'un
l'autre et s'unir à la lumière : les signes s'accouplent entre eux et
se projettent dans le feu du soleil comme les membres voyants
fusionnent à la source du regard pour que naisse la vue, fusionnent
avec le globe brûlant à l'extrémité du regard pour que
naisse le visible.
C'est la joie des yeux ouverts, le déroulement de l'oeil amoureux
de son double et des yeux amoureux du visible.
Et les mots glissent et s'éboulent comme sans ponctuation de
la nuit au jour là où les yeux glissent et s'éboulent sans respiration,
des doigts se déployant et étreignant l'obscurité aux yeux
se déroulant, s'étreignant et étreignant la lumière. Parce que si les
organes de la vue portent en eux la jouissance, de leur rétractation
à leur déploiement, un texte sur les yeux porte l'accouplement
jusque dans les mots et les yeux mêmes : des mots pénétrant
la terre aux mots se pénétrant et pénétrant le soleil, et des
yeux fermés dans la chair touchante aux yeux ouverts dans la
chair voyante. Comme pour porter la jouissance jusqu'au vif
d'elle-même dans sa traversée de la matière et du feu, de l'opacité
et de la transparence.
Pour jouir des premières lignes, des yeux fermés, aux dernières
lignes, aux yeux ouverts, intensément de l'invisible du visible.
Noémie Parant
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