
C'est en mars 2001 au Gabon que Julien Bonhomme entend pour la
première fois parler des «voleurs de sexe». Des individus sont accusés
d'avoir fait disparaître les organes génitaux d'inconnus dans la rue, à
l'occasion d'une banale poignée de mains. Les incidents se multiplient
et plusieurs voleurs présumés sont lynchés. Il ne s'agit pas d'un cas
isolé : les vols de sexe ont déjà touché à différentes reprises une vingtaine
de pays d'Afrique subsaharienne depuis les années 1970.
Comment rendre compte d'un tel phénomène, inédit par son ampleur
spatiale et temporelle, sans tomber dans le cliché d'une Afrique perçue
sous l'angle de l'altérité exotique ? Critiquant la conception péjorative
qui surdétermine le regard savant sur les rumeurs, l'auteur de ce livre
n'envisage pas le vol de sexe en termes de pathologie ou de superstition,
mais s'attache à mettre au jour les facteurs qui expliquent le succès
culturel de cette rumeur singulière sur une si vaste échelle. Il articule
vue d'ensemble et vue de détail afin de rendre compte tant de la diffusion
internationale de la rumeur que des situations d'interaction au sein
desquelles surviennent les accusations.
Plutôt qu'une anecdote prêtant à rire, le vol de sexe ne serait-il pas une
affaire exemplaire permettant de comprendre l'Afrique urbaine contemporaine,
les formes de sociabilité et les modes de communication
qu'elle suppose ?
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.