Tout au long du XXe siècle, la ligne d'horizon de la société
française a été dessinée par la croyance dans le progrès, que
la République prenait en charge et incarnait tout à la fois.
Mais une telle ligne d'horizon est bientôt devenue une sorte
de mirage, tant le progrès est devenu une notion qui se
montre et se dérobe dans le même temps. Bien plus, la règle
et le consentement, qui fondent la représentation politique, loin
d'être fortifiés par les prémices de la «démocratie d'opinion»,
se retrouvent au contraire entre chien et loup, menacés par
un extrémisme politique croissant aussi bien que par la
perte de sens dans le débat politique. Si la République en
tant que régime politique avait donc paru connaître une sorte
d'aggiornamento au cours des années 1960, en tant qu'écosystème
socioculturel elle ne connut pas alors une telle reviviscence,
la grande mutation française déstabilisant la civilisation républicaine
beaucoup plus qu'elle ne la réactiva. Un tel constat
débouche sur une question essentielle : la phase de moindre
rayonnement de cette civilisation, que l'on constate au terme
de ces Vingt Décisives, était-elle seulement une éclipse de
République, qui nimbe la vie de la Cité en ajoutant momentanément
au trouble des consciences, ou bien cette
République commençait-elle alors une sorte de fatale redescente
depuis le firmament des valeurs d'établissement qui fondent
et perpétuent la communauté nationale ?
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