Histoire de l'industrie sucrière en Guadeloupe aux XIXe et XXe siècles
Les « Vingt calamiteuses » et la fin de l'économie de plantation (1966-2000)
Ce livre retrace l'histoire d'un effondrement brutal. En deux décennies calamiteuses, la Guadeloupe passe de douze usines à deux et d'une économie de plantation reposant sur le sucre à une économie de consommation soutenue par les transferts publics. Quand la crise prend fin, on continue, certes, à y produire du sucre, mais elle n'est plus une île à sucre.
Fonctionnant depuis le milieu du XIXe siècle sur la base de salaires de misère, les sociétés sucrières n'ont pu absorber le choc de la départementalisation et la hausse des coûts qui en est résultée. Au lieu d'investir pour rétablir leurs comptes, elles se sont orientées vers un processus de désengagement qui s'étend sur une quinzaine d'années. Et ceci d'autant plus que, dans la canne, là où il eût été le plus urgent et le plus nécessaire d'investir, elles se heurtent à la résistance acharnée des travailleurs agricoles menacés de chômage par la mécanisation. Divers facteurs exogènes viennent aggraver l'impact de la crise, comme les difficultés nées de l'intégration du sucre des DOM dans la CEE, ou la montée du courant indépendantiste qui, faisant sa jonction avec le mouvement social, conduit à s'interroger sur l'avenir institutionnel de la Guadeloupe.
À travers la réforme foncière et une multiplication des aides, c'est finalement l'État qui parvient à assurer la survie sous perfusion de ce qui reste de l'activité. Mais c'est au prix d'un coût faramineux et d'une destruction massive de capacités et d'emplois, qui va conduire, en 1983, la présidente du Conseil général à employer l'expression de « sidérurgie coloniale » pour caractériser le cataclysme qui vient de balayer l'industrie sucrière de son département.
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