Les Vigilantes
Le plus désagréable, quand on a les deux pieds coulés dans le béton, c'est peut-être de n'avoir pas de mains pour chasser les mouches. La première image qui s'impose au lecteur l'introduit d'emblée dans l'univers d'Otto Ganz. Un humour noir, pince-sans-rire, d'autant plus efficace qu'il est inattendu. Et une obsession : les mouches, ces vigilantes, ces « anges noires » qui décomposent les corps et disloquent les idées, transportant d'un chapitre à l'autre des « parcelles de mémoire ».
Au fil des pages, on croise un embaumeur trompé sur la marchandise, un tueur à gage qui a mal interprété sa commande, une mère qui vient contempler, l'hiver, le visage de son fils à la surface du lac gelé...
Des histoires terribles, bouleversantes ou désopilantes, qui finissent par composer l'intrigue d'un roman captivant, d'une rigueur et d'une cohérence implacables, servi par une écriture sans concession.
Jean Claude Bologne
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