Les trois saisons : un carrosse sur le chemin du chevalier Antonio Bosio
Il est des chevaliers dont les traces dans les archives sont fort maigres. D'autres pour qui les éléments conservés comportent d'apparentes contradictions. Certains enfin sur lesquels, bien qu'ayant accompli des missions importantes, l'ombre continue à s'y projeter obstinément. Le chevalier de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem fr. Antonio Bosio participe de chacune de ces trois catégories à la fois ; et pourtant, aucun travail, article ou livre, ne lui a été consacré jusqu'à présent.
Tellement de gens demeurent des girouettes qui ne sont fixés que quand ils sont rouillés. Antonio Bosio avait parfois des idées fixes, toujours les idées bien fixées, sans jamais être rouillé. Il fréquenta le pouvoir au plus haut niveau avec l'empereur germanique, le pape, le roi d'Angleterre, le roi de France, le grand maître de l'Ordre des Hospitaliers durant une vie active d'à peine neuf ans et trois mois. La vie en général est courte ; la vie des doués est très courte ; la vie d'Antonio Bosio fut trop courte. Il n'eut pas le temps d'arriver au crépuscule de sa vie et de voir son ombre s'allonger. Il partit lorsque les lumières étaient au zénith et les ombres trop courtes, à peine silhouettées.
Le cheminement de sa courte vie, brutalement arrêtée en 1530, connut des accélérations qui, parfois, sautaient d'une phase à l'autre en brûlant les étapes. Telle une année qui manque d'une saison, le printemps, qui passe de l'hiver brusquement à l'été en ignorant le souffle printanier, transition naturelle et salutaire. Cette vie semble s'évader des feuilles d'un roman ; elle est cependant dictée par la réalité, dans ses moindres détails.
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