Sextus Julius Frontinus exerça de hautes responsabilités civiles et
militaires au Ier siècle de notre ère. En Grande-Bretagne, il soumit les
irréductibles Gallois grâce à une habile stratégie associant contre-guérilla
et mesures de consolidation. Il écrivit ensuite un Art de la Guerre estimé
- Végèce s'en inspira -, perdu, qu'il compléta des Stratagèmes après une
campagne en Germanie. Fait exceptionnel, il traversa les tribulations de
son siècle en connaissant, sous neuf princes, une progression continue de
sa carrière. Curateur des eaux de Rome et auteur d'un Traité des aqueducs,
trois fois consul dont deux fois aux côtés de Trajan, il était et reste considéré
comme l'une des figures les plus éminentes de son époque.
Synthèse sans équivalent de l'art militaire gréco-romain, les Stratagèmes
sont consacrés aux ruses de guerre et divers procédés obliques permettant
de vaincre dans l'économie des forces - à l'instar du Traité de Sun Zi dont
les enseignements sont très proches. Machiavel s'en inspira étroitement
pour son Art de la Guerre. Avec De la guerre, de Clausewitz, ce sont les
quatre livres clés de la science stratégique.
Paradoxalement, ce dernier paraît moins d'actualité que Frontin, Sun Zi
ou Machiavel en ce XXIe siècle si troublé. Face à la multiplicité des conflits
dispersés, doublés de contre-attaques indirectes au moyen, notamment,
d'actes de terrorisme à l'échelle planétaire, les enseignements de Frontin
reviennent au premier plan : plus que jamais, les stratégies exigent de
concilier l'impératif de la sécurité et l'économie des forces dans un contexte
de contraintes budgétaires, l'adaptation la plus fine au terrain, à l'adversaire
et aux circonstances. Et pour ce faire, il faut souvent délaisser maints
principes des théories stratégiques.
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