On rencontre des personnes et des groupes idéalisant les sports,
et d'autres les diabolisant. Davantage, une même personne peut
faire l'un et l'autre, parfois en même temps. Le chercheur est
perplexe. Prendra-t-il son microscope pour étudier la complexité de
l'âme humaine ? Ou, comme ici Jacques Demorgon, choisira-t-il
son «macroscope» pour étudier Les sports dans le devenir des
sociétés, et par là-même, les médiations et les média ?
Il doit alors repérer trois grands moments historiques pour les
sports : leur invention grecque, leur renaissance «anglaise», leur
projection occidentale sur la planète entière. Dans les deux
premiers cas, l'événement est peut-être trop loin et, dans le
troisième, trop proche. Pourtant, ce changement de focale
n'empêche pas de faire la même découverte : celle d'une transition
exceptionnelle d'une grande forme de société à la suivante : des
communautés aux royaumes pour les Grecs, des royaumes aux
nations pour les «Anglais» ; et pour nous, aujourd'hui, des nations
aux récentes sociétés d'économie globalisée.
Les sports y ont, à chaque fois, un singulier rôle de «liant» en
résonance avec le religieux, le politique, l'économie et
l'information. Ce rôle opère en relation à des situations de violence
menaçant tout un ensemble de sociétés. C'est vrai, hier, des mondes
hellénique, européen, et aujourd'hui planétaire. Les sports s'y
inventent, s'y réinventent, s'y déploient en écho et en médiation.
La méthode nouvelle de l'information globalisée - géohistorique,
systémique, implicante - qui structure les trois parties de l'ouvrage,
peut seule éclairer cet «avec contre» caractéristique des sports et de
notre ambivalence à leur égard. Grâce à elle, il est désormais
possible que cesse de crier dans le désert la profonde voie médiatrice
des sports. Elle peut maintenant traverser les vrombissements des
courses et les violentes clameurs des stades.
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