Les Sept Vies du mandarin français
L'Orient, considéré au tournant du XXe siècle comme un « objet scientifique », aura été pour le savant Paul Pelliot celui d'une dévorante passion. Sinologue à vingt-et-un ans, il arrive en Indochine en 1899. Après avoir rencontré Thanh Thai, l'empereur d'Annam, il est le premier Français jamais admis dans la bibliothèque du Conseil aulique, le saint des saints de la citadelle de Hué dont il emporte les annales.
À Pékin, lors de la révolte des Boxers en 1900, il combat, les armes et le verre de Champagne à la main, les sectes du Grand Couteau, du Nuage blanc et du Nénuphar blanc que manipule en sous-main Tseu-hi, l'impératrice douairière en guerre contre les « diables étrangers ». Traducteur des mémoires de Tcheou Ta-kouan, le visiteur d'Angkor au XIIIe siècle, il dirige de 1906 à 1908 l'expédition française au Turkestan oriental (l'actuel Xinjiang). A Touen-Houang, aux portes de la Chine, il emporte plus de six mille manuscrits et peintures trouvés dans la bibliothèque du monastère des Mille Bouddhas.
Accusé d'escroquerie à son retour à Paris, il se retrouve au coeur d'une violente controverse qui oppose aussi catholiques et francs-maçons. Professeur au Collège de France, mobilisé en 1914, Pelliot devient l'agent secret du 3e Bureau de l'armée française en Chine et en Sibérie, où il organise les maquis antibolcheviques de l'ataman Semenov et du baron fou Roman Ungern-Sternberg. Académicien, vilipendé par les Chinois qui l'accusent d'avoir pillé Touen-Houang, Paul Pelliot aura fait de sa vie un conte oriental, digne de Marco Polo - il a en effet établi la première édition intégrale du Livre des merveilles.
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