Les Savants d'Hitler
Quelles relations l'homme de science doit-il entretenir avec le pouvoir, a fortiori en temps de guerre ? Comment concilier morale et recherche scientifique ? Ces questions constituent le coeur de l'étude minutieuse que John Cornwell consacre à la science allemande sous le IIIe Reich et dans l'immédiat après-guerre.
Quand Hitler arrive au pouvoir en 1933, l'Allemagne domine le monde des sciences et de la technologie depuis plusieurs décennies. Une fois le régime nazi solidement implanté, la science, instrumentalisée à des fins idéologiques et racistes, connaît une véritable descente aux enfers. Parce que juifs, les plus grands savants sont systématiquement pourchassés et contraints à l'exil. John Cornwell décrit tout à la fois une politique à très court terme orientée vers les investissements de guerre, une véritable désorganisation à l'intérieur du gouvernement et une ignorance inimaginable du Führer. L'impossibilité des scientifiques allemands à transformer leur domination en succès militaire - l'échec dans la course à l'arme atomique et le comportement ambigu de Werner Heisenberg sont ici relatés de manière édifiante - constitue un point crucial de l'histoire du XXe siècle.
Parmi les scientifiques dont John Cornwell retrace le parcours, une large majorité collabora avec le régime nazi, moins par ferveur nationaliste que par désir d'assouvir de sordides intérêts : rivalités mesquines, ambitions personnelles, détournements de fonds. Peu nombreux furent ceux qui, à l'image de Lise Meitner ou de Max von Laue, risquèrent leur vie pour résister à l'oppression.
Le verdict de John Gornwell est sans appel : la neutralité est un leurre, car la communauté scientifique allemande dans son ensemble ressort salie par le travail forcé, les expérimentations sur les êtres humains et les assassinats de masse ; et ses membres sont comptables de l'utilisation qui a été faite de leur savoir
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