Trop souvent, les sagesses ont été considérées, au mieux comme les
dociles servantes des religions, le plus souvent comme de prudentes et
médiocres manières de vivre.
La présente étude, qui s'appuie sur une enquête comparative inédite
(bouddhisme, yoga, spiritualité chrétienne et paganisme antique), remet
en cause cette conception erronée et restitue enfin aux sagesses leur
fascinante et vigoureuse personnalité. En effet, par leur refus de tout
merveilleux, par leur éthique résolue, par leur intransigeance autant que
par l'efficacité de leurs «techniques mentales», elles méritent sans doute
d'être tenues pour l'une des grandes conquêtes de l'humanité. Grâce à
elles, au regard lucide qu'elles les invitaient à porter sur eux-mêmes et
sur leur condition, les hommes découvrirent les moyens d'aguerrir et de
fortifier leur personnalité.
L'on vérifiera que «sagesses» et «religions» s'opposent en tous points.
Le sage n'est pas le disciple d'un quelconque homo religiosus obsédé
par l'au-delà, immergé dans un flux sacré et fasciné par les dieux. Afin
de lui permettre d'affronter la mort et les souffrances de cette vie, ce
sage admirable a simplement appris à l'homme le redoutable honneur
d'acquiescer. Mais dans cet acquiescement réside peut-être le plus haut
témoignage d'humanité qu'il soit possible d'imaginer. En ce sens, son
enseignement reste aussi indispensable qu'actuel.
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