« Si l’on en vient à les dessiner sur une carte d’Europe, on s’aperçoit que les épidémies (le choléra, la peste...) ont progressé le plus souvent sur des routes parallèles ou parfois confondues. Ce fait, d’ailleurs, s’explique aisément quand on songe à la direction des grands courants que suivent les peuples dans leurs relations internationales. » (Charles Letort)
Les grandes épidémies, dites aussi maladies populaires, auxquelles les anciens et même quelques auteurs modernes, frappés de leur allure en apparence si étrange, avaient attribué un caractère spécial de mystère et d’obscurité, obéissent cependant aux lois ordinaires qui régissent la transmission des maladies. Il n’y a pas longtemps qu’Anglada affirmait encore la profonde séparation à établir entre les grandes et les petites épidémies. Les grandes épidémies, disait-il, naissent par les seules forces de la nature. Aucune puissance humaine ne peut en préparer ni en conjurer l’explosion. Elles s’abattent sur les réunions d’hommes et couchent dans la tombe des générations entières. Apparitions intermittentes à long terme, invasions soudaines, étiologie ignorée et sans rapport appréciable avec les causes communes, domination universelle, létalité rebelle à tous les efforts de l’art, spécificité profonde, aspect d’une étrangeté sans analogue parmi les maladies connues : tels sont les caractères des grandes épidémies...
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