Louis Boussenard (1847-1910)
"Les arbres géants de la forêt équatoriale se tordaient sous la rafale. Le tonnerre grondait furieusement. Les éclats de la foudre, simultanément sonores ou étouffés, brefs ou prolongés, secs ou crépitants, bizarres parfois, terribles toujours, semblaient se confondre en une seule et interminable détonation.
Du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, s’étalait, à perte de vue, au ras les cimes une immense nuée noirâtre, bordée d’une sinistre bande cuivrée. Des éclairs aveuglants, affectant toutes les formes et toutes les couleurs, mêlés dans une colossale fulguration, s’en échappaient comme d’un cratère renversé.
De ces vapeurs trop lourdes qu’un implacable soleil avait fait surgir d’insondables marais et de solitudes inexplorées, roulaient de véritables trombes. Ce que nous nommons en Europe des gouttes de pluie, semblait de larges coulées de métal en fusion, à travers lesquelles se reflétaient étrangement les éclairs.
Les feuilles tombaient, hachées comme par un ouragan de grêle, mieux encore, comme par des millions de jets de pompes à vapeur.
De temps en temps, un acajou énorme, l’orgueil de la forêt vierge, s’abattait lourdement ; une ébène verte, au tronc élevé de plus de quarante mètres, aussi dur que le fer, voltigeait comme une paille ; un cèdre séculaire, que quatre hommes n’eussent pu entourer de leurs bras, éclatait, ainsi qu’une planchette de sapin, un simaruba, un boco, ou un angélique, dont les cimes trouaient la nue, roulaient, fracassés les premiers."
Condamné au bagne pour ses activités politiques, Robin s'évade. La route vers la liberté est semée d'embûches. Il rencontre Casimir, un vieux lépreux ; les deux hommes s'entraident. La femme et les enfants de Robin finissent par le rejoindre...
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