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Quand les yeux de l'enfance ont gardé leur vision implacable, mais si juste, et que s'y ajoute le regard de l'adolescent tantôt scandalisé, tantôt amusé, que s'y ajoute, par surcroît, ce détachement léger, allégeant, de l'humour, que l'on dit sagesse de l'expérience, on écrit : " Les Résidences Secondaires ".
Le temps des grandes vacances, qui n'est pas toujours rose, il s'en faut ! Un village près de Paris. Les beaux jours arrivent. Les résidences secondaires s'animent. Certaines sont habitées à longueur d'années. D'autres s'ouvrent pour la circonstance. Bientôt les résidents sont là. Au grand complet. Alors, derrière eux, se lèvent les grands montreurs de marionnettes : la Douleur, l'Amour, le Plaisir, l'Ambition, la Mort, qui vont agiter ces pantins secondaires. Sous la lumière de beaux jours, de leur joie ou de leur maussaderie, de leurs eaux vives, de leur brise, de leurs arbres, de leurs rocailles, fièrement résident les résidents. Ils sont de tous les âges. Ils se fréquentent ou s'ignorent (exprès). S'éprennent, se déprennent, se comprennent, se méprennent. Se découvrent et se " ratent ". Combinent, supputent, calculent, au rythme de ces vacances qui est celui de la vie, qui n'en prend pas, elle, de vacances ! Le village est spectateur. Il commente. C'est le choeur du Théâtre Antique tenu par les servantes de Molière. Puis le temps passe. Déjà l'automne, les premières feuilles vont tomber. Les brumes s'élever. Les montreurs plient bagages. Les pantins s'affaissent. Certains cassés à mort. Le village a repris sa vie propre et tout a disparu.
François-Marie Banier, bien que très jeune, comprend ce dont il s'agit. Son premier roman, pour fantaisiste qu'il soit, a la gravité de l'expérience. Il connaît la vie et ses résidents. À peine adolescent, il a tourné le dos au luxe familial. Ainsi le livre s'est formé au courant des jours de sa mémoire. Parfois l'étonnement le saisit : " Non pas vrai ! Ils étaient comme ça ? " et d'éclater en cocasseries. Ces résidents secondaires dans leur résidence, on ne les oubliera pas. Ça, je vous le jure ! mais comme le dit souvent dans la vie réelle, F.M.B., au milieu d'un sursautant silence provoqué par une de ses remarques-éclairs : " Tant pis ! c'est lâché. ".